Terrains synthétiques : quel impact sanitaire et environnemental ?
Depuis de nombreuses années, des granulés de pneus sont utilisés en tant que matériaux de remplissage pour des terrains de sports et aires de jeux synthétiques. Ces matériaux suscitent des préoccupations quant à leur éventuel impact sur la santé et l’environnement. L’Anses a analysé les études et expertises disponibles sur le sujet ainsi que les dernières les évolutions réglementaires. Le point sur le sujet.
Terrains synthétiques, de quoi s’agit-il ?
Le recyclage de pneus usagés, sous forme de granulés pour la production de sols et revêtements synthétiques, représente l’une des principales voies de valorisation des déchets de ces produits.
Il existe :
- des granulés non-liés entre eux pour former, par exemple des terrains de sport synthétiques,
- des granulés liés entre eux pour former des matériaux solides tels que des dalles ou des aires de jeux en extérieur ou intérieur.
Que sait-on sur leur impact sur la santé et l’environnement ?
L’Agence a procédé en 2019 à un état des lieux des connaissances disponibles sur le sujet, révisé en 2024 afin de prendre en compte les évolutions réglementaires et les résultats d’études encore en cours à l’époque.
Les données recensées portent sur les substances chimiques entrant dans la composition de ces terrains de sport et aires de jeux mais également celles utilisées pour leur production, leur pose et leur entretien.
Suite à une évaluation de l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA), la réglementation européenne impose depuis 2022 une limite de concentration de 20 mg/kg pour la somme de 8 substances HAP (hydrocarbures aromatiques polycycliques) dans les granulés non liés utilisés comme matériau de remplissage dans les pelouses en gazon synthétique, les aires de jeux ou pour des applications sportives.
Par ailleurs, les données disponibles à ce jour évoquent l’existence de risques potentiels pour l’environnement, liés au transfert de substances chimiques (zinc, phénols…) notamment dans les sols et les eaux. En 2023, la Commission européenne a adopté des mesures d’interdiction, à partir de 2031, de mise sur le marché de granulés non liés de pneus usagés utilisés comme matériaux de remplissage dans des terrains synthétiques afin de réduire les émissions intentionnelles dans l’environnement de microplastiques.
Ces réglementations ne concernent pas les dalles en granulés de pneus compactés ou liés par des résines utilisées en extérieur ou intérieur comme revêtements de sport amortissants.
Quelles sont les recommandations de l’Anses sur l’usage des terrains synthétiques ?
Sans attendre les évolutions réglementaires, l’Anses recommande aux fabricants et distributeurs de terrains synthétiques d’éliminer de la composition de ces matériaux, toutes substances intentionnellement ajoutées (ex. thiazoles, phtalates, etc.) pouvant présenter un caractère nocif pour l’environnement et la santé humaine. Ces substances sont ajoutées pour donner des propriétés spécifiques au terrain, par exemple le colorer, ou dans le cadre de la production des granulés de pneus. De plus, l’Agence encourage à limiter toute dispersion accidentelle dans l’environnement de microplastiques qui peuvent provenir de l’usure des terrains synthétiques, afin de minimiser leur impact environnemental.
Par ailleurs, au regard des incertitudes et limites méthodologiques des rapports scientifiques relatifs à la santé humaine et du manque d’information nécessaire pour caractériser les risques éventuels pour l’environnement, l’Anses recommande de poursuivre l’analyse des substances présentes dans les granulés liés utilisés afin de préciser la composition des produits et articles commercialisés. Elle préconise également d’effectuer des mesures pour déterminer la composition de l’air intérieur des bâtiments dans lesquels des terrains synthétiques solides - intégrant des granulés liés - sont installés.