Cas de fièvre aphteuse en Allemagne : le Laboratoire de santé animale de l’Anses pleinement mobilisé
Des cas de fièvre aphteuse ont été détectés dans un élevage de buffles asiatiques en Allemagne le 10 janvier dernier. Une première depuis 1988 sur le territoire allemand et depuis 2011 dans l’Union européenne. Si aucun autre cas n’a été détecté pour l’heure, l’Anses, au travers de son Laboratoire de santé animale, est pleinement mobilisée sur le sujet pour éviter la propagation de la maladie. En quoi consiste son rôle et quelles sont ses missions ?
Trois cas de fièvre aphteuse ont été détectés dans un élevage de buffles asiatiques en Allemagne, conduisant à l’abattage préventif du troupeau composé de 14 animaux. Hautement contagieuse, la fièvre aphteuse a des répercussions socio-économiques potentiellement considérables. Elle n’est cependant pas transmissible à l’être humain et ne constitue pas un risque pour la santé publique.
Après la détection de ces cas, le Laboratoire de santé animale de l’Anses, en tant que Laboratoire de référence de l’Union européenne (LRUE) sur cette maladie, a été contacté par le Laboratoire national de référence (LNR) allemand pour confirmer ces contaminations.
Dans le cadre de ce mandat de LRUE, dont l’une des missions est d’être garant de la fiabilité des analyses effectuées par l’ensemble des laboratoires agréés du réseau qu’il anime, le Laboratoire de santé animale a ainsi procédé à l’analyse des échantillons prélevés sur les buffles infectés. Il a ainsi confirmé l’infection et l’identité de la souche virale. Il a également transmis au LNR allemand et aux laboratoires européens de son réseau le protocole de RT-PCR en temps réel qu’il a développé.
Parallèlement, le Laboratoire de santé animale procède actuellement à des tests de concordance vaccinale pour évaluer l’efficacité des vaccins actuellement disponibles sur la souche virale détectée en Allemagne. Bien que la vaccination préventive contre la fièvre aphteuse soit interdite en Europe depuis 1991, elle peut être envisagée de manière spécifique, par exemple pour endiguer une propagation de la maladie.
Une surveillance accrue pour éviter la propagation de la maladie, notamment en France
Pour éviter une éventuelle propagation de la fièvre aphteuse, certains pays, à l’image du Royaume-Uni, de la Corée du Sud ou du Mexique, ont pris des mesures d’interdictions d’importation de viandes en provenance d’Allemagne. Ce qui n’est pas le cas pour la France. Cependant, une surveillance accrue est en place à l’échelle européenne pour éviter la propagation du virus. C’est ainsi qu’en France, le Laboratoire de santé animale, en lien avec la Direction générale de l'alimentation (DGAL), a conduit une campagne d’analyses sérologiques sur des porcs importés d’Allemagne en décembre pour s’assurer qu’il n’y ait pas de cas de contamination. Même si le risque d’une propagation est jugé « élevé », selon Labib Bakkali Kassimi, virologiste et responsable du LRUE pour la fièvre aphteuse, « il est peu probable qu’une contamination soit détectée sur les spécimens importés en France, puisque la période d’incubation du virus varie entre deux et quatorze jours et nous nous trouvons désormais au-delà. »
Par ailleurs, le LRUE, en contact avec les LNR de tous les pays d’Europe, a mis à leur disposition le protocole de RT-PCR en temps réel développé par ses soins afin de lever le doute sur toute suspicion de cas.
Développer de nouvelles méthodes et procédures de diagnostics de la fièvre aphteuse
Si la détection de cas de fièvre aphteuse en Allemagne constitue une première dans l'Union Européenne depuis 2011, le Laboratoire de santé animale de l’Anses œuvre au quotidien à la mise en place de nouveaux moyens toujours plus performants pour accompagner le processus de diagnostic en cas de nouvelles émergences de la maladie.
À cet effet, le Laboratoire a récemment développé un nouveau protocole pour simplifier l’envoi des prélèvements de spécimens contaminés, permettant à la fois une réduction des coûts et des risques biologiques liés au transport. Par ailleurs, il travaille actuellement sur le développement d’une nouvelle méthode de diagnostic de la maladie qui permettrait de gagner du temps dans le processus de diagnostic, actuellement soumis à une analyse en laboratoire.
Les mandats de référence du laboratoire de santé animale sur la fièvre aphteuse :
- Laboratoire national de référence (LNR) depuis 2009
- Laboratoire de référence de l’Organisation mondiale de la santé animale (OMSA) depuis 2015
- Centre de référence auprès de l’Organisation pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) depuis 2018
- Laboratoire de référence de l’Union européenne (LRUE) depuis 2019
Aller plus loin
La fièvre aphteuse
La fièvre aphteuse est une maladie animale virale non transmissible à l’homme. Très contagieuse, elle reste l’une des préoccupations majeures des éleveurs et des autorités sanitaires et peut avoir des répercussions socio-économiques considérables. Détail des travaux réalisés par l’Agence sur cette maladie.