Produits de protection solaire
11/12/2024
Expertise
2 min

Produits de protection solaire : mieux informer les consommateurs pour une meilleure protection

La Commission européenne va réviser la recommandation sur les allégations de sécurité et d’efficacité des produits de protection solaire, formulée en 2006 aux industriels. L’objectif est de mieux orienter le consommateur dans le choix de ces produits et sur leur utilisation. En appui de cette révision, l’Anses a produit un avis qui incite à rendre la recommandation plus claire et plus contraignante, pour une meilleure protection des utilisateurs de produits solaires.

La Commission européenne va réviser la recommandation sur les allégations de sécurité et d’efficacité des produits de protection solaire, formulée en 2006 aux industriels. L’objectif est de mieux orienter le consommateur dans le choix de ces produits et sur leur utilisation. En appui de cette révision, l’Anses a produit un avis qui incite à rendre la recommandation plus claire et plus contraignante, pour une meilleure protection des utilisateurs de produits solaires.

L’exposition aux rayons ultraviolets (UV) est le principal facteur de risque des cancers de la peau. Elle est également responsable des coups de soleil et d’un vieillissement prématuré de la peau. Des moyens de prévention pour limiter les expositions à la source existent : rechercher l’ombre, porter des vêtements couvrants, limiter la durée d’exposition et éviter le moment de la journée où le rayonnement UV est le plus intense. Le produit de protection solaire est un moyen complémentaire, pour protéger les parties du corps restant exposés (visage, mains, etc.). Pour une efficacité et une sécurité optimales, il est nécessaire que l’utilisateur soit correctement informé pour choisir un produit adapté et bien l’utiliser.

Un produit de protection solaire doit à la fois protéger des UVB et des UVA

  • Les rayons ultra-violets A (UVA) pénètrent profondément dans la peau et sont responsables de son vieillissement ;
  • Les rayons ultra-violets B (UVB) ne pénètrent que la couche superficielle de la peau (l'épiderme). Ce sont les principaux responsables des coups de soleil. Ils sont 1 000 fois plus puissants que les rayons UVA.

Bien que les rayons UVB constituent le facteur principal des cancers de la peau car ils peuvent altérer directement l’ADN, les rayons UVA jouent un rôle non négligeable dans leur apparition.

Vers des informations plus claires et plus justes sur l’efficacité des produits de protection solaire

Les produits de protection solaire sont des cosmétiques, définis dans l’article 2 du règlement (CE) n°1223/2009. Une annexe de ce règlement fixe la liste des filtres UV autorisés par la Commission européenne. Par ailleurs, la recommandation de la Commission européenne de 2006 donne des orientations aux fabricants quant aux informations sur la sécurité et l’efficacité des produits de protection solaire : les allégations d’efficacité de la protection contre les UVA et UVB, les précautions d’emploi et les instructions d’utilisation.

En juin 2024, la Commission européenne a lancé une révision de cette recommandation. Dans ce cadre, l’Anses a apporté un avis d’experts sur les évolutions à intégrer dans cette recommandation. Pour l’Agence, l’enjeu de cette révision est de donner aux fabricants un cadre plus clair et contraignant en matière d’efficacité et d’allégations pour ces produits de protection solaire.

Distinguer les produits de protection solaire et les produits cosmétiques contenant un filtre solaire

En plus des produits de protection solaire, il existe sur le marché des produits cosmétiques dans lesquels un filtre UV est présent dans la formulation mais dont le but principal n’est pas de protéger des rayonnements UV. C’est le cas par exemple de crèmes de jour ou de maquillage affichant un facteur de protection solaire (FPS).

Le comportement des consommateurs vis-à-vis de ces produits n’est pas le même que lorsqu’ils utilisent un produit dit solaire afin de se protéger spécifiquement des rayonnements UV : le produit est appliqué une fois par jour, généralement le matin, avec une quantité appliquée plus faible (en particulier dans le cas de l’application d’un maquillage sous forme de poudre). Au contraire, un produit de protection solaire nécessite l’application d’une quantité suffisante et une ré-application dans la journée pour être pleinement efficace.

Ces produits dits « de protection solaire secondaires » peuvent apporter de la confusion quant à leur niveau de protection vis à vis des risques associés à une exposition aux UV. L’Anses recommande donc que ces produits ne puissent pas revendiquer une protection solaire en apposant un FPS sur l’étiquette.

Qu’est-ce que le facteur de protection solaire (FPS) ?

Le FPS reflète le niveau de protection contre les UVB apporté par un produit de protection solaire. Celui-ci est actuellement défini dans la recommandation européenne comme étant le rapport entre la dose minimale provoquant un érythème sur une peau protégée par un produit de protection solaire, et la dose minimale provoquant un érythème sur la même peau non protégée.

Simplifier l’étiquetage des produits pour une meilleure compréhension des consommateurs

L’Anses insiste sur le fait que l’étiquetage doit se concentrer sur les informations essentielles pour permettre aux consommateurs de mieux identifier le niveau de protection solaire apporté. Il est important de pouvoir guider les personnes dans leur choix pour que le produit acheté soit notamment adapté à leur typologie de peau et à l’intensité de l’exposition solaire.

Dans un souci de simplification, l’Anses préconise de supprimer des étiquettes le facteur de protection solaire (FPS) - valeur relative à la protection contre les UVB - et le logo UVA. Elle propose de garder uniquement les catégories de protection faible, moyenne ou forte, qui intègrent déjà la protection pour les deux types d’UV. L’objectif est de centrer l’attention des utilisateurs sur la performance de protection globale. En effet, à ce jour, le FPS engendre une perception biaisée des consommateurs pour comparer la performance de protection contre l’ensemble des rayons UV, alors qu’il ne reflète que la protection vis-à-vis des UVB.

Revoir les catégories de niveaux de protection

L’Anses recommande que les correspondances entre les valeurs de FPS et l’attribution des catégories soient revues. Actuellement, les produits de protection solaire peuvent présenter des FPS compris entre 6 et 50+, or l’Anses considère que :

  • Les produits ayant un FPS de 6 ou 10 offrent une faible protection vis-à-vis des UVB, et encore plus faible contre les UVA car correspondant à un tiers de la protection contre les UVB. 
  • Les produits dits de « très haute protection », qui ont un FPS de 50 +, n’augmentent pas sensiblement la protection contre les rayonnements UV en comparaison des produits avec un FPS 50. Pourtant, cette mention peut donner l’impression qu’ils procurent une protection telle que les consommateurs pourraient s’exposer davantage au soleil. Pour ces raisons, les experts suggèrent de supprimer la catégorie « très haute protection ». 

Ainsi, les catégories pourraient être redéfinies en trois niveaux de protection :

  • « faible protection » : regroupant les FPS de 15 et 20, 
  • « moyenne protection » : regroupant les FPS de 25 et 30, 
  • « haute protection », regroupant les FPS 50 et 50+.

L’Anses tient à rappeler que l’exposition des bébés et des jeunes enfants au soleil est contre-indiquée car ils sont plus vulnérables aux effets cancérogènes des rayons UV. Ainsi, l’Agence considère que les revendications ciblant spécifiquement une protection de ces populations sensibles devraient être interdites. L’utilisation d’un produit de protection solaire doit rester une solution de dernier recours, en complément des mesures de prévention.

Par ailleurs, des données d’utilisation montrent que les quantités de produits réellement appliquées par les utilisateurs sont en moyenne inférieures à celles utilisées pour atteindre le niveau de protection indiqué. Il est donc important que des indications sur la quantité du produit à appliquer soient mentionnées sur l’étiquette, qu’elles soient faciles à comprendre et adaptées à la formulation du produit : crème, sprays, stick, huile, mousse, etc. Par exemple, pour une lotion, il faudrait appliquer six cuillères à café de lotion (environ 36 grammes) pour le corps entier d’un adulte moyen.

Impact des produits de protection solaire sur les organismes aquatiques

La recommandation européenne actuelle fournit uniquement des orientations pour la santé humaine. Cependant, des effets néfastes des filtres UV ont été rapportés sur différents organismes aquatiques. Il faudrait donc intégrer ces problématiques dans l’évolution de la recommandation de 2006, en prenant en compte non seulement l'impact immédiat sur les organismes aquatiques, mais aussi les impacts à plus long terme sur les écosystèmes.

Dans son expertise publiée en 2022 sur les risques des substances chimiques pour les récifs coralliens, l’Anses préconise d’interdire, en vertu de la réglementation existante, les allégations et logos présents sur un certain nombre de produits solaires et qui vantent leur respect du milieu marin sans en avoir démontré leur innocuité. Elle insiste également sur la nécessité de disposer de méthodes normées pour démontrer l’innocuité des filtres UV à l’égard des coraux.

Plus de 80 % des cancers de la peau sont liés à une exposition excessive au soleil

L’Anses insiste sur la nécessité de renforcer la sensibilisation de la population aux mesures de prévention générales telles que : éviter les heures d’ensoleillement maximal, utiliser des vêtements couvrants et si possible anti-UV et se mettre à l’ombre, afin de mieux répondre à l’enjeu de santé publique de protection contre les risques liés à l’exposition aux UV. Retrouver tous les gestes de prévention du soleil.

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