Deux doctorants de l'Anses récompensés pour la présentation de leurs travaux de recherche
Les « Journées scientifiques et doctorales de l’Anses » permettent aux scientifiques de l’Agence d’échanger sur leurs travaux. Elles sont également l’occasion pour les doctorants de l’Anses de présenter leurs résultats de thèse, sous forme de présentation orale en anglais en 180 secondes pour les doctorants de troisième année, et sous forme de poster en anglais pour les doctorants de deuxième année. Les présentations faites par Kevyn Beissat et Cassandre Jeannot lors des dernières journées organisées les 2 et 3 octobre 2024 ont été désignées respectivement « meilleure présentation orale » et « meilleur poster ».
« J’étudie la réceptivité et la sensibilité des rats au SARS-CoV-2 »
Kevyn Beissat,
doctorant lauréat de la meilleure présentation orale
Quel est votre parcours ?
Je suis titulaire d’une Licence option biologie cellulaire et physiologie ainsi que d’un Master option zoonoses et environnement réalisés à l’université de Limoges. J’effectue actuellement une thèse au sein de l’Anses, dans l’unité Infectiologie éco-épidémiologie risque faune sauvage du Laboratoire de la Rage et de la faune sauvage de Nancy. Cette thèse est en co-encadrement avec VetAgro Sup.
Sur quoi porte votre thèse ?
L’objectif principal de ma thèse est l’étude de la réceptivité et de la sensibilité des rats lors d’une infection par les variants du virus SARS-CoV-2. La réceptivité est la capacité à permettre la réplication du virus sans forcément développer de symptômes, tandis que la sensibilité désigne le fait que la réceptivité s’accompagne de signes cliniques et/ou des lésions dues au virus.
Nous nous sommes intéressés à cette thématique car du génome de ce virus a été détecté dans les eaux usées où les rats circulent et vivent. De plus, aux États-Unis, des anticorps anti-SARS-CoV-2 ont été détectés chez le rat sauvage vivant au contact d’eaux usées contaminées. Le risque serait que les rats deviennent un réservoir de ce virus et/ou favorisent des mutations du virus qui pourrait ensuite réinfecter l’être humain.
Pour cela, nous avons mené une étude sur le terrain afin de rechercher la présence du virus SARS-CoV-2 et des autres coronavirus circulants chez les rongeurs capturés, dont les rats, dans plusieurs villes françaises. En parallèle, nous avons réalisé des tests d’infection virale sur plusieurs groupes de rats : Rattus norvegicus sauvage, Rattus rattus sauvage et deux lignées de laboratoires, Wistar et Sprague-Dawley. Des calculs de modélisation moléculaire ont également été effectués afin de consolider nos résultats expérimentaux et issus de l’étude sur le terrain.
Le second objectif de ma thèse porte sur le développement et la comparaison de prélèvements biologiques sur la faune sauvage, pour la recherche d’anticorps. En effet, dans certains cas, l’absence ou la faible quantité d’échantillons sanguins peuvent être un facteur limitant pour détecter des anticorps à partir de prélèvements de la faune sauvage. J’ai donc testé et comparé plusieurs matrices telles que le plasma, le sang sur papier filtre, le cœur, la rate, l’écouvillon rectal et les fèces. Le but final de mes travaux est de trouver des alternatives lorsque qu’une prise de sang n’est pas possible pour les espèces de la faune sauvage, y compris les espèces protégées.
Le dernier objectif de ma thèse est consacré à l’isolement sur culture cellulaire du coronavirus de hérisson. Je m’intéresse à ce virus car il est proche du coronavirus du syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS-CoV), qui peut infecter l’humain.
Avez-vous des conseils pour réussir une présentation orale en 180 secondes ?
Ce n’est pas un exercice simple, mais il est intéressant : il permet de travailler son esprit de synthèse et de se préparer aux présentations orales futures. Mes conseils sont de prendre du recul sur ses résultats afin de ne sélectionner que les plus importants, et de prendre du temps pour préparer son support de présentation et son discours.
« Je développe des méthodes permettant d’analyser un maximum de contaminants et de résidus dans les aliments. »
Cassandre Jeannot,
doctorante lauréate du meilleur poster
Quel est votre parcours ?
Après un DUT et une Licence de chimie à l’université d’Orléans, j’ai obtenu un master en chimie analytique à Nantes Université. Ma thèse se déroule au sein de l’unité Pesticides et biotoxines marines du laboratoire de sécurité des aliments de l’Anses, en co-encadrement avec le Laberca (Laboratoire d’étude des résidus et contaminants dans les aliments), une unité mixte de recherche de l’École vétérinaire Oniris et d’Inrae.
Sur quoi porte votre thèse ?
Ma thèse vise à développer des méthodes analytiques permettant d’analyser un maximum de contaminants et de résidus dans les aliments. Une grande partie de l’exposition chronique de la population aux contaminants chimiques se fait via les aliments. Certains contaminants sont déjà connus et parfois réglementés mais pour des milliers d’autres, soit il n’existe pas de méthode pour les détecter, soit on ne sait tout simplement pas qu’ils sont présents dans les aliments car ils n’ont jamais été recherchés.
Les méthodes développées visent à détecter une large gamme de composés chimiques et doivent être applicables à divers aliments. Nous nous focalisons particulièrement sur les PFAS, les pesticides, les mycotoxines, les alcaloïdes et les médicaments.
Notre but est d’éclairer les politiques publiques sur la présence de contaminants chimiques et de résidus. Si certains sont trouvés fréquemment, il sera intéressant d’encourager à les rechercher plus souvent afin de mieux comprendre l’exposition des consommateurs.
Avez-vous des conseils pour les doctorants amenés à faire des posters ?
Il faut réussir à faire quelque chose d’attrayant, avec assez d’informations mais pas trop. Cela demande de travailler ses résultats différemment, de travailler les schémas, la quantité de texte, la disposition… Lorsque vous voyez un poster qui vous plaît ou vous déplaît, essayez de savoir pourquoi et de vous en souvenir. Par exemple, de gros blocs de texte ne donnent pas envie de lire le poster !
Les Journées scientifiques et doctorales de l’Anses
Les Journées scientifiques et doctorales sont organisées chaque année par l’Anses. Elles visent à favoriser les échanges en interne entre les scientifiques qui travaillent dans des entités et parfois dans des sites distincts. Pendant ces journées, les doctorants présentent leurs travaux de thèse en anglais : sous forme de posters pour ceux qui sont en deuxième année et sous forme de présentation orale de trois minutes pour ceux de troisième année. Le personnel de l’Anses vote pour la meilleure présentation orale et le meilleur poster. Les lauréats bénéficient d’une prise en charge des frais de participation à hauteur de 500 € pour un colloque scientifique de leur choix.